Le souci du détail.
À une certaine époque, je pouvais passer trente à quarante heures par semaines dans un dojo. Aujourd’hui, je suis plus raisonnable, je ne dépasse que de temps à autre le vingt heures par semaines sur le plancher du dojo. Ça a fait 28 ans en juin que j’ai débuté dans le Bujinkan. Ça fait environ 39 ans que je fais des arts martiaux. J’ai eu la chance de m’entraîner dans plusieurs styles. J’ai atteint mon 15e degré dans le Bujinkan, un 6e en karaté et j’ai fait également de nombreux autres arts martiaux. Le plus beau est que j’aime toujours ça autant et peut-être même plus.
Hatsumi sensei m’a permis de découvrir le sens du détail, ce petit quelque chose qui manque à la plupart des styles d’arts martiaux. Lorsque l’on regarde Soke faire une technique, on ne doit pas tenter de voir le kata qu’il fait, mais on doit se concentrer sur les petits détails, ceux qui ne se laissent pas dévoiler si facilement. Le corps qui varie sa position de quelques millimètres, le poignet qui tourne très légèrement permettant ainsi de briser l’alignement des os de l’adversaire, ou simplement ce regard accrocheur qui affecte le jugement de l’attaquant. Il ne faut pas non plus oublier la maîtrise des kyushos, ces points qui rendent le corps humain si vulnérable.
Nous sommes à l’époque des nanotechnologies, ou l’infiniment petit vient bouleverser le monde tel que nous le connaissons. Hatsumi sensei utilise ce principe d’utilisation de mouvement tellement petit, tellement faible qu’on a l’impression qu’ils n’existent pas. À l’époque où beaucoup d’arts martiaux dépendent de la grosseur des muscles, Soke nous amène à utiliser ces mouvements imperceptibles permettant d’affecter ces structures qui semblent invulnérables à première vue. La force de l’esprit sur la matière ? Peut-être, je ne sais pas. Mais si la maîtrise d’un art martial passe par un chemin, elle ne passe sûrement pas par celui de la force brute. Il faut avoir servi de sac de frappes à quelqu’un comme Hatsumi sensei pour comprendre comment ces douleurs occasionnées par de si petits mouvements peuvent engendrer tellement plus de douleurs qu’une frappe effectuer simplement avec les muscles. Alors la prochaine fois que vous regarderez quelqu’un comme Hatsumi sensei, arrêtez-vous à ces petits détails, ceux qui font vraiment la différence.
Bernard Grégoire
Shihan Bujinkan Québec