Si c’est sur Internet, c’est que c’est vrai…

Je reçois de temps à autre des étudiants qui ne jurent que par l’internet. Lorsqu’on leur enseigne des techniques en dojo, ils comparent constamment avec ce qu’ils ont vu sur le web. Malheureusement pour eux, il est rare que ce qu’ils ont vu soit réaliste avec ce que nous faisons sur le moment présent. Sur le web, il y a de bonnes techniques et il y en a de moins bonnes. Mais peu importe dans quelle catégorie se trouve la technique que l’on regarde, il faut apprendre à voir et à comprendre le contexte où se déroule l’action.

Lorsqu’une personne met un vidéo sur le web, il faut apprendre à analyser ce contexte. Par exemple, j’enseigne à l’occasion des techniques où l’on tourne le dos à l’adversaire tout en gardant le contrôle total de ce dernier. En regardant cette séquence seule, on peut se dire que ce n’est pas logique de tourner le dos à l’adversaire et l’on aurait raison. Mais si l’on se remet dans le contexte de cet enseignement, auparavant j’avais expliqué aux étudiants que l’on fait ce type de technique pour faire un « scan » des gens qu’il y a aux alentours. Dans certains cas, on ne peut focaliser exclusivement sur notre adversaire. Il peut y avoir de tierces personnes qui viennent secourir leur ami. La compréhension du contexte change toute la donne.

Si l’on désire prendre l’internet comme professeur, il faut s’assurer du contexte. Certains étudiants qui regardaient une vidéo d’Hatsumi sensei disaient que ce n’était pas logique de laisser la lame de l’adversaire entre lui et ce dernier. Ils oubliaient le contexte où cette technique était exécutée par deux personnes en armures de samouraïs. Dans cette optique, la technique devient plus que pertinente. Les vidéos que l’on voit dans l’internet sont souvent hors contexte.

Le plus grand danger de l’internet est la redondance. Dès qu’une personne y met une vidéo un peu « flash », d’autres personnes vont la remettre sur leurs pages. Lorsque la vidéo en question se retrouve partout, même si elle comporte des erreurs graves, elle devient une référence et est considérée comme était une source d’information fiable. J’ai vu des techniques de défense contre arme à feu où le défenseur passait le canon devant sa face pour désarmer l’agresseur. Dans certaines autres, le canon pointait longuement en bougeant horizontalement, ce qui serait extrêmement dangereux si des gens se trouvaient devant. Lorsque l’on prend le contrôle d’une arme à feu, il faut développer le réflexe de faire pointer l’arme vers le sol le plus rapidement possible. Imaginé si votre famille se trouve devant l’arme. Il y a des chances pour que le coup parte et que votre technique de défense cause la mort d’un membre de votre famille. Pourtant, même si elles sont dangereuses, ces techniques sont populaires et servent de référence sur ce qu’il faut faire. Après tout, si ce n’était pas une bonne technique on ne la retrouverait pas un peu partout sur le web.

Ces étudiants qui sont accros de l’internet essaient souvent de m’impressionner avec une technique qu’ils ont vue sur le Net. Dans la plupart des cas, il m’est facile de contrer leur technique de défense, car la plupart d’entre elles comportent des failles importantes au moment de l’exécution. Bien sûr, si l’on ne se pose pas de question, l’aspect spectaculaire est impressionnant. Mais dès que l’on y réfléchit un peu, on s’aperçoit que…

Bernard Grégoire

Yushuu shihan

Bunjinkan Québec

Une réflexion sur “Si c’est sur Internet, c’est que c’est vrai…

  1. Je crois que cette règle s’applique aussi un peu partout. Il a beaucoup de professeur qui essaye ce type de défense ou de technique saugrenu. Que vous le répète constamment il faut douter et être conscient. Mais comme partout il a des trésors bien cachée.

    Avoir les yeux ouvert et aussi avoir le cœur réceptif.

    Merci toujours aussi agréable a lire.

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