Ningen no ishiki kara nai人間の意識からない

La façon la plus simple de traduire cette expression se résume à : qui ne vient pas de la conscience humaine. Soke a à plusieurs reprises utilisé ce type d’expression pour tenter de nous faire comprendre que l’on doit exécuter une technique autrement que juste d’une façon intellectuelle. Je pense que la plupart des vieux Shihan japonais ont également tenu de tels discours.

La première fois que j’ai entendu Hatsumi sensei dire que notre arme est vivante (sur des techniques de sabre), j’étais loin de réaliser tout le potentiel d’une telle affirmation. Qu’est-ce ça implique? Sur un champ de bataille, les attaques peuvent arriver de n’importe quel côté. Si chacune de nos techniques doit être analysée, on ne survivra pas. On ne doit pas passer par cette conscience que j’interprète comme étant l’intellect.

Mais comment faire pour se passer de l’intellect tout en étant efficace ? C’est là que l’expérience entre en ligne de compte. Une expérience qui passe par plusieurs étapes, mais, que la plus difficile et la plus nécessaire est de briser les liens qui nous retiennent prisonniers des katas rigides. Lorsque Francine a interviewé Hatsumi sensei pour le tome 1 de Shinobi, la naissance d’un ninja, Soke a expliqué que les techniques sont comme la coquille de l’œuf qui protège l’oiseau. Elle est nécessaire à la transformation et au processus de donner la vie, mais à un moment donné, l’oiseau doit briser la coquille s’il veut s’envoler. Cette image est extraordinaire pour démontrer le cheminement que l’on doit faire pour parvenir à l’univers du budo.

Malheureusement, plusieurs obstacles se dressent sur le chemin de la connaissance. Beaucoup trop de gens brisent la coquille trop tôt. L’oiseau n’est pas complètement formé et son vol risque d’être peu performant, le rendant une proie facile pour divers prédateur. Pour arriver à ne pas travailler avec la conscience humaine, les techniques doivent être bien maîtrisés. Cela demande des années et cela n’a rien à voir avec le degré obtenu. Puis on doit apprendre à réagir sans passer par le kata robotiser comme on peut le voir trop souvent.

Je me souviens que lorsque l’on devait faire des démonstrations devant le groupe au Japon, Hatsumi sensei nous demandait de faire une technique, puis une autre et encore une autre jusqu’au moment où les belles techniques que l’on avait préparées pour montrer notre talent étaient écoulées. À ce moment-là, ça ne passait plus par ce niveau de conscience humaine, il nous poussait à nos limites et nous obligeait à travailler à un autre niveau. Bien sûr, la technique perdait de sa prestance, la beauté des mouvements n’était plus au rendez-vous, car on avait écoulé notre banque de démonstration. C’est là que le pratiquant d’art martial montre son vrai talent. Pour s’en sortir, on devait puiser dans l’énergie du budo et non dans sa mémoire.

Je pense que c’est un début de compréhension de cette expression. Mais avec Hatsumi sensei, rien n’est jamais simple et chaque mot, chaque expression peuvent avoir plusieurs sens. Bref, je vais continuer à méditer sur cette expression.

Bernard Grégoire

Daishihan Bujinkan Québec

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